09 février 2011

L'huile de Palme, que faire ?


Cette huile est décriée, accusée d'être néfaste pour la santé, dont la culture est une catastrophe écologique, exploitée par les grands groupes agro-alimentaires. Mais qu'en est-il réellement ?

Voici ce qu'on peut lire sur Wikipédia: "Originaire d'Afrique de l'Ouest, le palmier à huile est maintenant cultivé dans toutes les régions tropicales du fait de son haut rendement : jusqu'à 7 250 kg d'huile par hectare et par an. Les principaux producteurs (plus de 85 % du total mondial) sont l'Indonésie (19,2 millions de tonnes en 2008) et la Malaisie (17,7 millions de tonnes en 2008). Ces deux pays continuent d'accroître leur production dans un marché en expansion. La demande en huile de palme a augmenté de 8,7% par an depuis 1995. Outre son important rendement, la transformation des fruits en huile, nécessite une huilerie avoisinante aux plantations, ce qui concentre les opérations de valorisations dans les pays producteurs.
L'huile de palme est aujourd'hui la plus consommée dans le monde (25 %), dépassant de peu l'Huile de soja
(24 %) et de loin celles de colza (12 %) et de tournesol (7 %)
.
Le rendement de l'huile de palme en fait un choix privilégié pour la production de carburant
. Par exemple la construction d'une raffinerie utilisant de l'huile importée de Malaisie et d'Indonésie est prévue à Darwin en Australie
.
L'huile de palme peut également être hydrogénée afin de produire un agrodiesel qui ne présente pas les inconvénients de l'huile brute : encrassement du moteur, point de figeage élevé. Ce procédé sera mis en œuvre à partir de 2010 dans une usine actuellement en construction à Singapour
, qui transformera de l'huile de palme provenant de Malaisie. Il s'agira alors de la plus grande usine d'agrodiesel au monde.

Les dangers de l'huile de palme pour la santé sont de plus en plus évoqués. Un lien statistique existe entre le taux d'acides gras saturés dans l'alimentation, l'hypercholestérolémie et la surmortalité des Occidentaux par maladie cardio-vasculaire si les proportions idéales entre les différents types d'acides gras ne sont pas respectées dans l'alimentation. La consommation de l'huile de palme peut augmenter le taux de LDL-cholestérol dans le sang et entraîner des risques cardiovasculaires, car cette huile est en effet plus riche en acides gras saturés que le gras de porc. Pour certains, c'est un danger d'autant plus insidieux que d'une part, les instances de santé ont surtout mis en garde la population contre les gras d'origine animale dans la prévention du cholestérol, et que d'autre part, il n'y a pas à ce stade d'obligation d'affichage (l'huile de palme figurant le plus souvent dans les compositions des aliments sous la discrète mention d'"huile végétale"). Toutefois, la nocivité de l'huile de palme n'est pas consensuelle, et continue à être contestée, notamment par l'industrie agro-alimentaire.

L'huile de palme est une des plus consommées dans le monde. Elle est utilisée dans l'industrie agro-alimentaire et en cosmétique. On en trouve par exemple dans la composition d'un produit de consommation courante sur dix en Grande-Bretagne. La demande d'huile de palme est en forte augmentation car elle est bon marché. L'exploitation très rentable des palmiers à huile attire les agro-investisseurs qui remplacent la forêt primaire nourricière par des monocultures de palmiers à huile. Cela se fait avec l'accord des gouvernements, sans se soucier du caractère irremplaçable de ces forêts ni des populations qui vivent en symbiose avec elles.
Les forêts des principaux pays producteurs (Malaisie, Indonésie, Bornéo et Sumatra), ont été détruites à plus de 90% aux XIXé et XXé siècles, et la déforestation massive continue pour laisser la place à des palmeraies.
Cela provoque des destructions de forêts tropicales et de tourbières. Il en résulte une aggravation des rejets de gaz à effet de serre, mais aussi une réduction du milieu de vie de nombreuses espèces dont l'orang-outan. On estime à 5000 le nombre de ces grands singes victimes chaque année de cette exploitation. Si rien n'est fait, 98% des forêts humides indonésiennes, habitat naturel des orangs-outans, auront disparu en 2022. Carrefour, Nestlé et Unilever se sont engagés à n'utiliser que de l'huile de palme certifiée durable d'ici 2012 à 2015, pour fabriquer leurs produits. En 2010, la marque Casino annonce qu'elle cesse d'inclure cette huile dans ses produits alimentaires, en raison de ses risques pour la santé et de son impact sur l'environnement. La marque de biscuits et de pâtisseries St Michel s'est également engagée sur le "zéro huile de palme" dans ses recettes à horizon fin 2010
."

Seulement voilà, tout le monde n'a pas le même discourt.

"La culture du palmier à huile et l’huile de palme alimentent aujourd’hui un débat passionné, au centre de nombreux thèmes d’actualité : déforestation, « malbouffe », biodiversité, déforestation, réchauffement climatique.... Qu’en est-il réellement ? Rencontre avec Alain Rival, spécialiste du palmier à huile au Cirad et co-organisateur du Symposium international Palms 2010 qui s’est tenu à Montpellier du 5 au 7 mai 2010.
Idée reçue n°1 : On coupe la forêt primaire pour planter des palmiers à huile, ce qui menace la biodiversité.
Sur les 21 millions d’hectares de forêt primaire qui ont disparu en Indonésie entre 1990 et 2005, seulement 3 millions correspondent à la création de palmeraies (Persey, 2010). Quid des 18 millions restant ? Le bois est exploité pour la production de bois d’œuvre, de pâte à papier, de charbon de bois. Lorsqu’elles ne sont pas replantées, les surfaces déforestées sont laissées en friche jusqu’à ce qu’elles deviennent des savanes dégradées qui seront, ou non, reconverties pour des activités agricoles. Si une forêt primaire est transformée en plantation, la perte de biodiversité s’élève à 85 %, mais c’est le cas de toute monoculture intensive, sous les tropiques comme ailleurs…
Comment éviter les coupes ? Le commerce du bois constitue l’apport nécessaire aux premiers investissements dans une plantation : semences, pépinières, infrastructures, préparation du sol, etc. Pour éviter les extensions de palmeraies dans les zones de forêt primaire, il convient donc de fournir un revenu équivalent à celui issu de la coupe du bois et de déplacer le projet de création de palmeraie vers une savane dégradée ou une zone agricole à reconvertir. D’après R.H.V. Corley (2009), si on mettait en culture toutes les terres dégradées recensées a ce jour, uniquement en Indonésie, on pourrait satisfaire les besoins en corps gras de la totalité de la population mondiale jusqu’en 2050. Il n’est donc pas inéluctable de couper de la forêt primaire pour répondre aux besoins croissants en corps gras de la population mondiale.
Quelle solution pour concilier la préservation de la biodiversité et un développement agricole indispensable pour la population ? Identifier des forêts à « haute valeur de conservation » et les entourer de zones tampons incluant des agroforêts à côté des plantations permettant une activité humaine raisonnée : cultures vivrières, fruitiers, caoutchouc, plantes médicinales ou même écotourisme. Cette pratique permet d’éviter une réduction drastique de la biodiversité consécutive à l’ouverture d’espaces agricoles en limite directe de forêt primaire. La culture du palmier à huile est alors intégrée à une planification du paysage en concertation avec les populations locales (Koh et al, 2009).Dans les zones dédiées à la monoculture du palmier à huile, il s’agit aujourd’hui de produire plus et mieux : cette intensification écologique passe par la mise à disposition de tous les planteurs, familiaux ou industriels, de matériel végétal amélioré issu des programmes de sélection et par l’optimisation de l’utilisation des engrais.
Idée reçue n°2 : Le palmier à huile est une culture à 100 % industrielle qui profite aux multinationales occidentales.
Les multinationales agroalimentaires du Nord ne contrôlent plus le secteur des plantations. Ce dernier est occupé, soit par des sociétés nationales publiques ou privées, soit par des petits planteurs, groupés ou non en coopératives. Ceux-ci fournissent 60 % de la production mondiale. Les petits planteurs, soit consomment leur huile, soit la revendent sur le marché local, ou encore vendent leurs fruits à des usiniers. Suite aux privatisations de la filière palmier, notamment en Afrique de l’Ouest, les petits planteurs ne sont plus encadrés par de grands programmes nationaux et les rapports entre usiniers et producteurs se sont modifiés. Ce secteur exploite aujourd’hui une multiplicité étonnante d’agro systèmes à base de palmier à huile.
En Indonésie, ce sont 1 000 à 2 000 dollars par an et par hectare qui sont générés par la culture du palmier à huile, un revenu qui a contribué significativement, selon McCarthy (2010) à la régression de la pauvreté et à l’émergence d’une classe moyenne rurale. Aujourd’hui, plus de 5 millions de personnes en Indonésie dépendent directement de la culture du palmier à huile.
Idée reçue n°3 : La culture du palmier est polluante.
Le palmier à huile est la plante la plus productrice en huile, avec des rendements moyens de l’ordre de 6 tonnes/hectare/an dans de bonnes conditions écologiques (jusqu'à 12 T/ha dans les meilleurs essais génétiques actuels). Pour exprimer le potentiel des meilleures semences, l’utilisation de fertilisants est indispensable. Les engrais constituent aujourd’hui 60 % des coûts d’exploitation d’une plantation. Il y a donc un risque réel de pollution, notamment des nappes phréatiques, lorsqu’ils sont utilisés en excès et/ou au mauvais moment. Cependant, le problème est partagé par toutes les monocultures intensives dans le monde.
Le Cirad et ses partenaires travaillent sur la fertilisation raisonnée des palmeraies depuis plus de 50 ans. L’idée est d’optimiser les apports d’engrais afin qu’ils profitent au mieux à la plante au travers d’applications fractionnées et raisonnées, évitant ainsi que les résidus se retrouvent dans les nappes ou les eaux de surface. Ces besoins sont évalués au travers de prélèvements de sols et de feuilles dans les plantations. Leur analyse permet de donner des limites à l’utilisation d’engrais en fonction de la saison, de la physiologie de la plante, de la nature du sol ou de l’âge de la plantation. Cette gestion raisonnée n’est pas un concept nouveau, mais elle prend de l’ampleur depuis quelques années avec la prise de conscience que les hauts rendements doivent aller de pair avec la protection de l’environnement. De même, très tôt, le Cirad a travaillé sur le compostage des résidus d’usine afin de recycler les effluents solides et liquides issus des huileries.
Côté pesticides, en revanche, le palmier à l’huile joue la carte de la chance : il n’y a, à ce jour, pas de parasite ou ravageur du palmier qui n’ait pas de solution biologique. La fusariose en Afrique a été éradiquée grâce à des semences résistantes issues de programmes de sélection variétale classique. Les recherches vont dans le même sens concernant les attaques de Ganoderma en Asie du Sud-Est. Des expérimentations sont également en cours pour identifier les agents responsables de la Pourriture du Cœur en Amérique latine, en parallèle de l’exploitation des ressources génétiques apportées par l’espèce amazonienne Elaeis oleifera. Trois continents, trois maladies qui pour l’instant restent confinées dans leur contexte d’origine.
L’extraction de l’huile de palme à partir des fruits s’effectue en outre par pression, sans ajout d’adjuvant chimique, de même que pour l’huile d’olive."


Du coup, que faire ? Que penser ?

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